Naves

Identification

Département

Commune

Numéro INSEE

19146

Cité

Classification fonctionnelle

Fiabilité agglomération

Etat de la fiche

Environnement géographique

Situation

Le site des Arènes de Tintignac se trouve sur la bordure sud-ouest du Massif Central, dans une zone charnière entre le Bassin d'Aquitaine et la montagne limousine, région de hauts plateaux granitiques adossés à l'Auvergne et dont les sommets (Monédières, mont Audouze) dépassent 900 m.

Localisé au cœur du département de la Corrèze, en Bas-Limousin, le site se trouve dans ce que l'on appelle le "bocage du sud-ouest" où le paysage est constitué de prairies de fauche ou de pacage encloses de haies vives et de grands rideaux de bois disséminés.

Le relief est constitué d'une succession de plateaux étagés en gradins et de collines aux sommets érodés entre lesquels se développent combes et vallons. Les plus hauts de ces plateaux, avec une altitude d’environ 600 m, sont situés dans la zone qui nous concerne.

Le site des Arènes de Tintignac se situe quant à lui à 2,5 km au nord du bourg de Naves, à l'extrémité septentrionale du plateau, près de la source du ruisseau de la Vigne. Il s'est installé à une altitude moyenne de 480 m, sur le versant oriental du Puy de l'Aiguille qui culmine à l'ouest à 509 m et face au Peuch Redon qui atteint l'altitude de 501 m. Cette dernière colline est la seule qui empêche d'avoir une vision complète sur près de 200°, vers le nord et le nord-est sur le massif des Monédières et vers le sud-est sur la vallée de la Corrèze.

Le terrain occupé par les quatre édifices connus jusqu’alors en prairie, est cerné par des îlots boisés importants : le sommet du Puy de l'Aiguille à l'ouest, celui du Peuch Redon à l'est, le Bois de l'Etang au nord et le Bois Bara au sud. Ce dernier bois a en grande partie disparu lors de la construction du terrain de sport de Naves et de l'autoroute A 89.

Environnement géographique

Le site porte, depuis les premières mentions, le nom d'"Arènes de Tintignac". Or, le village de Tintignac se trouve à 650 m à l'est nord-est des vestiges, au nord du Peuch Redon. A une distance semblable ou à peine supérieure, on trouve également les villages de Soleilhavoup et la Combotte le long de la Route Nationale actuelle, Bel Aspect et Bach à l'ouest et La Geneste au sud.

La voie principale actuelle est la Route Départementale 1120 (ancienne Nationale 120) qui vient du sud-est de la Corrèze, passe par Tulle, puis, plus au nord, à l'est du bourg de Naves, et contourne par l'est et le nord le site archéologique avant de rejoindre au nord-ouest l’ancienne Route Nationale 20 (actuelle RD 920) au niveau d'Uzerche. Cet axe constitue un itinéraire d’interfluve entre le ruisseau de la Vigne et la Corrèze se greffant au nord sur un autre interfluve quasiment parallèle au niveau du village de  Soleilhavoup et descendant au sud jusqu’à la confluence des deux cours d’eau, c’est-à-dire dans le bourg de Tulle.

La voie orientée nord-nord-ouest/sud-sud-est, allant de Seilhac au village de la Solane immédiatement au nord de Tulle, en passant par Soleilhavoup et le bourg de Naves, est un itinéraire d'interfluve qui traverse tout le plateau éponyme en se tenant à égale distance des ruisseaux de la Solane à l'ouest et de la Vigne à l'est.

Des petites routes se greffent sur la Route Départementale 1120, quasiment à la hauteur du site. Ainsi, au lieu-dit la Combotte, une voie mène à l'est à Vimbelle et permet de traverser le ruisseau du même nom, une autre conduit vers le nord au Treuil en longeant le Peuch Redon à l'est. Au nord du site, une petite route dessert aujourd'hui uniquement le village de Tintignac. Enfin, immédiatement à l’ouest des ruines, une route nord-sud (VC 15), perpendiculaire à la RD 1120, permet de rejoindre au sud le stade et une la voie menant de Soleilhavoup au bourg de Naves. A l'ouest de la VC 15, un chemin dessert le château d'eau communal situé près du sommet du Puy de l'Aiguille, et un autre, à l'est cette fois, longeait l'ensemble monumental par le sud et l'ouest. Il a été recoupé par l’autoroute A89 mais desservait initialement le village de la Geneste. Il est représenté sur le plan des vestiges de 1884 où il est dénommé "chemin de La Geneste aux Piles".

En abordant les voies actuelles, on n'oubliera pas l'autoroute A89 reliant Clermont-Ferrand à Bordeaux dont cette portion a été inaugurée en mars 2003. Elle passe entre le village de la Geneste et le site, à 500 m seulement au sud de celui-ci. L'échangeur de "Tulle-Nord" permet de rejoindre la RD 1120 au niveau de La Combotte.

Le bourg de Naves est implanté à 5 km à vol d'oiseau au nord de la ville de Tulle, dans une cuvette, entre les deux cours d'eau de la Vigne et de la Solane. 

Le sous-sol local, constitué de roches métamorphiques formant une série complexe dénommée « série du Bas-Limousin », est parcouru de nombreux accidents tectoniques. Le site archéologique et le bourg de Naves se positionnent en bordure du socle cristallin constituant le Massif Central, entre la faille d'Argentat située à l'est, séparant gneiss à l'ouest et granite à l'est, et le bassin de Brive avec sa couverture sédimentaire se développant à l'ouest.

Le site des Arènes est implanté sur du gneiss gris du Bas-Limousin, essentiellement quartzo-plagioclasiques à deux micas ou biotite seule. Au sud, entre le village de la Geneste et le bourg de Naves se développe une bande de "leptynites de Tulle" rosâtres à grain fin, albite, oligoclase, avec intercalations localement fréquentes d'amphibolites à biotite. Il s'agit d'une roche de teinte claire, à grain fin, présentant une foliation assez nette soulignée par la présence de micas peu abondants. Elle se débite naturellement sous forme de petits pavés.

Sous la forme de grandes lentilles allongées se développent tout autour du site des formations métamorphiques basiques d'éclogites plus ou moins amphibolitisées ou des amphibolites dérivées d'éclogites. A peu de distance au nord-est du site et plus localement au sud-ouest et au sud-est, des poches d'amphibolo-pyroxénites, de pyroxénites plus ou moins amphibolitisées, ou bien encore d'amphibolites à hornblende, andésine et parfois biotite, ont été repérées sur la carte géologique du BRGM ("Tulle"). Amphibolites et éclogites sont des roches massives noires. On peut ici classer ces deux roches ensemble car les amphibolites dérivent des éclogites par rétromorphose progressive des grenats. L'éclogite est une roche noire à nombreux grenats bien individualisés. Dans l'éclogite amphibolitisée, les grenats s'entourent d'une auréole sombre d'autant plus épaisse que le processus est avancé, allant jusqu'à la disparition complète du grenat dont l'emplacement est alors signalé par un "fantôme". Dans l'amphibolite, enfin, les grenats ont totalement disparu. La roche a une teinte homogène noire sans cristaux apparents.

Au niveau des cours d'eau de la Solane et de la Vigne, au sud du site, le substrat est formé d'alluvions récentes tels que des sables limono-argileux (sols hydromorphes à gley et sols colluviaux).

En aucun endroit du site le socle rocheux sain et compact n'a été atteint : toutes les structures archéologiques, atteignant pour certaines plusieurs mètres de profondeur, percent uniquement la surface arénisée du substrat. Le sanctuaire gaulois est ainsi implanté sur des amphibolites. Cette roche est altérée sous forme de boules, de taille décimétrique à métrique, prises dans une argile orangée. Un filon composé de tels blocs d'éclogite traverse en diagonale la plate-forme protohistorique et la cour du temple gallo-romain du nord-est au sud-ouest.

Réseau hydrographique

Rivière

Distance (km)

3.04

Historique des recherches

Les ruines dites des "Arènes deTintignac" sont mentionnées dès les XVIIe et XVIIIe siècles par quelques historiens. Leurs écrits sont basés sur l'existence de murs émergeant du sol et de nombreuses découvertes de fragments de statues, de monnaies,de vases en céramique ou en verre…Ils indiquent l'existence d'un amphithéâtre qui se révèlera être en fait un théâtre.

En 1838, Prosper Mérimée parle dusite des "Arènes de Tintignac" dans ses Notes de voyages. Il est le premier à indiquer clairement l'existence d'un second édifice (le fanum), qu'il interprète comme une « maison de quelque importance ». Mais c'est quelques années plus tard, en 1842, puis 1846, 1847 et 1884 queles premières campagnes de fouillesont été engagées. Elles ont fait l'objet de plans assez précis mais de comptes- rendus plutôt succincts. 

En 1884, pour la première fois, les quatre édifices apparaissent sur un plan juste mais peu détaillé. Sur ce plan, est représenté à l'ouest un fanum (lieu de culte de tradition indigène) à deux cellae attenant à une cour bordée de galeries périphériques. À l'est de ce bâtiment,unpetit édifice à deux pavillons latéraux et un pavillon central semble s'ouvrir vers l'est. Sa façade s'aligne au sud sur celle d'un édifice semi-circulaire à la morphologie comparable mais dont le mur occidental, curviligne, est doté d'absides. Enfin, plus à l'est encore, un théâtre a été représenté, adossé au bâtiment précédent.

Philibert Lalande en 1885 puis Victor Forot, en 1905 se sont efforcés de décrire les monuments mis au jour et le mobilier (statuaire, monnaies,céramique…) découvert avant et pendant ces diverses campagnes de fouille.

1842

Les premières fouilles, en 1842,conduites par un officier polonais, David Rostkouski, mirent au jour une partie du fanum. Les deux cellae furent dégagées ainsi que leur péribole doublé lui-même d'un second mur périphérique.Les diverses maçonneries firent l’objet de plans et coupes. Le compte-rendufut écrit par M. Rebière dans le journal L’Indicateur corrézien et repris par Philibert Lalande en 1885. « Lorsque ces substructions furent mises à découvert, elles présentèrent la forme d'un rectangle long de 44m50 de longueur sur 22m90 de largeur […] Au milieu étaient deux carrés placés sur l'axe longitudinal et distants de près de 7m00 de l'axe transversal […]. L'aire circonscrite par l'édifice était revêtue d'un béton composé deciment et de sable. On a trouvé sous cette aire les fondations de murs qui n'ont aucun rapport avec ceux du bâtiment dont nous parlons, ce qui fait croire qu'il a été construit sur l'emplacement d'un autre édifice.Les murs d'enceinte du grand carré,ainsi que le pourtour intérieur des petits carrés, étaient revêtus, à la hauteur de 0m80 au-dessus du sol, d'un ciment très épais recouvert de marbre ; les parements supérieurs des murs et des lambris étaient peints à fresque, comme l'indiquent les fragments d'enduits trouvés dans lesdécombres. Les marbres calcinés et lagrande quantité de charbons qu'on y a trouvés prouvent que ce beau monument a été détruit par lesflammes » (Lalande, 1885).

1846

La fouille du bâtiment des "Boutiques" fut poursuivie en 1846. Les travaux mirent en évidence les murs de la cour orientale jouxtant le fanum. Félix Vidalin rédigea le compte rendu dans L’Indicateur corrézien. Le plan de la cour a été dressé par Rebière fils et O. Lacombe. « Indépendamment de fragments d'inscriptions, médailles, etc.,on retira de ces tranchées une grande quantité de marbres de toutes variétés,des débris de vase en porphyre et enterre cuite » (Lalande, 1885). Un puits fut fouillé dans l'espace de la cour du fanum. Il a livré divers débris en pierre calcaire, tels qu'une tête de femme, un pied d'enfant, des grappes de raisin, des fragments de corniche, ainsi qu'une vingtaine de monnaies.

En 1847, les fouilles de Félix Vidalin achevèrent le dégagement du fanum et explorèrent la partie nord-est du théâtre. Au nord, une entrée fut mise au jour ainsi que les deux vomitoires,les murs de précinction et une fraction du périmètre extérieur de la cavea. 68 monnaies furent découvertes groupées dans le vomitoire* nord. Une salle carrée à l'angle nord-est et une partie du bâtiment de scène oriental furent également déblayés.

1884

Les fouilles ne reprirent qu'en 1884 sous la conduite du propriétaire M.Guillot, aidé par M. Ferrière. Deux nouveaux bâtiments ont alors été misau jour : l'édifice appelé "tribunal", et un monument semi-circulaire en contre-haut du théâtre, interprété comme un temple. Le plan des bâtiments fut dressé par MM. Guillot et Ferrière. Dans le même temps, les recherches finirent de dégager en totalité le mur périphérique cernant le fanum ainsi que la partie sud du théâtre. Seule la partie centrale de l'édifice de spectacle, sans doute enfouie trop profondément, n'a pas été observée.Les fouilles de 1884 ont vraisemblablement été menées sous forme de tranchées creusées le long des murs. Parfois très profondes, elles descendaient en général jusqu'au substrat géologique et perçaient tous les niveaux archéologiques. C'est également à cette période que certains blocs de calcaire ou de grès taillés, inclus dans les maçonneries, ont été récupérés. Le plan du bâtiment situé en contrebaset à l'est du fanum a été dressé en 1884. Auparavant, cet édifice n'était vraisemblablement pas ou peu apparent. C'est M. Guillaume,architecte du Gouvernement et membre de la Société des Antiquaires de France, qui, le premier, en 1885, fournit l'hypothèse d'un "tribunal". Ce monument semble, selon lui, présenter la disposition de deux basiliques ou tribunaux, avec un large portique à exèdres qui les relie, et peut-être unsanctuaire au centre. Depuis, cet édifice est resté dénommé "tribunal" en l'absence de recherches.

1904

En 1904, suite à la vente des propriétés de la Geneste, dans lesquelles se trouvaient compris "le bois et le champs des Arènes", les nouveaux propriétaires ont creusé des tranchées désordonnées qui ont fait apparaître, au sein du bâtiment en hémicycle, le placage de marbre griotte vert couvrant les parois intérieures des niches. 

Première moitié du XXe siècle

A une date encore mal définie, les vestiges apparents du fanum (les deux cellae et le mur péribole à l'ouest, au sud et au nord) ont fait l'objet d'une restauration. En fait, certainement pour mettre fin àla récupération des parements de petit appareil et à la dégradation rapide des vestiges, les têtes des maçonneries ont été jointoyées au ciment gris. Si le côté esthétique de la restauration peut être discuté, elle a eu pour avantage de freiner la destruction rapide des ruines. Malheureusement dans le cadre decette restauration, plusieurs fosses on tété creusées pour consolider les angles externes des maçonneries des deux cellae. Ces fosses ont percé tous les niveaux archéologiques en place et même détruit les maçonneries antérieures.

2001 : diagnostic

Depuis de nombreuses années, la municipalité, poussée par la curiosité des habitants, demandait la reprise des fouilles, le site étant délaissé depuis près d'un siècle. L'intérêt porté de tout temps à ces vestiges provient très certainement du fait qu'ils constituent pour le moment, en Limousin, le seul ensemble monumental gallo-romain connu dansun contexte rural. Le passage de l’autoroute A89, traversant d'est en ouest le département de la Corrèze, passant à peu de distance des ruines de Tintignac a redynamisé cette volonté de remettre le site au jour. C'est dans ce cadre qu’a été lancée une étude pour la mise en valeur, l'animation, l'exploitation touristique et culturelle du site des"Arènes de Tintignac". Ce projet a une ambition de sauvegarde et de mise envaleur touristique, après le dégagementprogressif des différents vestiges,prévue sur plusieurs années.

Une évaluation archéologique réaliséeen janvier 2001 a permis de vérifier la fiabilité du plan de 1884, le bon état deconservation des vestiges et l'intérêt scientifique du site.

Dans le fanum, une seule tranchée d'expertise, réalisée à l’est, a permis de retrouver les murs dégagés en 1846 et 1884. Elle a fait apparaître, également dans la cour, un massif de maçonnerie non représenté sur le plan de 1884 et une fosse carrée très richeen mobilier archéologique, notamment céramique.

Deux sondages ont été réalisés sur l'axe médian du théâtre. Un troisièmere coupait au nord-ouest son mur externe, une partie de l'espace des gradins et la rupture de pente visible surle terrain. Le dernier traversait au nord le bâtiment de scène et devait retrouver les murs de l'accès septentrional.

Deux tranchées ont mis au jour de façon ponctuelle les maçonneries du bâtiment dénommé "tribunal". Ses murs ne subsistaient qu’en fondation. Les absides de son mur occidental, visibles sur le plan de 1884,ont été dégagées. Sa façade orientale conservait ponctuellement deux assises d'élévation de petit appareil. Une dénivellation importante existaitentre l'intérieur et l'extérieur, à l'est de l'édifice. Plusieurs couches de remblais avaient été apportées pour rehausser et niveler l'intérieur de l'édifice. À l'est du monument, des niveaux charbonneux pourraient correspondre aux déchets d'une activité métallurgique (réduction ou forge), antérieure ou contemporaine. Il n'a pas été possible de préciser la fonction decet édifice.

Deux sondages ont concerné le bâtiment en hémicycle surplombant le théâtre. La tranchée effectuée sur son axe de symétrie, traversait le pavillon central, la galerie en demi-cercle et la cour avant de recouper le théâtre vers l'est. Le sol de marbre du pavillon central a alors été entrevu. L'autre tranchée devait recouper à nouveau lagalerie en demi-cercle pour percevoir les absides représentées à l'ouest de l'édifice. Elle a permis de dégager le long du bâtiment à l'ouest un canal maçonné pouvant être interprété comme un caniveau périphérique. Le mur est du bâtiment, gardant une élévation d'environ 1,60 m de hauteur,conservait des joints en relief dans un état exceptionnel.

Étant donnés les résultats encourageants de l'évaluation archéologique, de véritables campagnes de fouilles estivales furent organisées.

Premières campagnes de fouilles 2001-2005

Chaque été, des campagnes de fouilles programmées ont été organisées.

Les premières, durant les étés 2001 à 2003, ont porté sur le fanum. Elles ont permis d'appréhender toutes les étapes d'installation, de construction et de remaniements du lieu de culte gallo-romain,depuis le Ier siècle avant notre ère jusqu'au milieu du IIe siècle de notre ère, avant sa destruction par incendie vers la fin du IIIe siècle. Ainsi, En 2001 et 2002, les maçonneries et sols du temple occidental associés à l'époque romaine ont été dégagés et étudiés.

Dès 2002, les antécédents protohistoriques du temple ont été mis en évidence. La première occupation est matérialisée par un fossé cernant un vaste espace sur lequel des structures ont été creusées. Ces fossés cernant un espace de près de 24 m de côté, ne se superposaient pas exactement et constituaient des tranchées de fondation de palissades successives. Cette palissade était cernée par une aire de circulation empierrée. 

Au centre de la plate-forme, des trous de poteau, concentrés dans un cercle de près de 8,75 m de diamètre, appartenaient à un édifice de bois reconstruit plusieurs fois. Seul un foyer, dont les traces de rubéfaction ont été mises en évidence, occupait l'espace interne. La datation de ces structures est fournie principalement par les monnaies qui semblaient  joncher le sol ou intégrées de façon anarchique dans le comblement des diverses structures. Quasiment toutes mutilées de façon volontaire à coup d'outils, elles doivent donc être considérées comme des offrandes déposées à l'origine dans le cadre d'un rituel religieux. De rares fragments de céramique modelée à gros dégraissant ou d'amphore accompagnaient ces monnaies. Cette occupation protohistorique semble s'intégrer essentiellement dans le Ier siècle avant notre ère.

Vraisemblablement peu avant l'époque augustéenne, une série de trous de poteau est venue percer le comblement des fossés des palissades protohistoriques. Il faut voir dans l'ensemble de ces trous de poteau, la mise en place d'une ultime palissade. Au même moment, un petit bâtiment de bois, fondé sur quatre poteaux, est édifié près de l'angle sud-est de l'enclos. Après une première destruction par incendie, les quatre fosses ont été recreusées mais avec un décalage par rapport à la bâtisse d'origine. La présence de peinture sur le torchis cuit par l'incendie permettrait plutôt d'envisager l'existence d'un premier bâtiment cultuel. Ceci pourrait être confirmé par la présence de nombreux fragments d'armes et au sein d'une fosse de neuf monnaies et d'un coin monétaire.

2003 Après les recherches menées en 1884,celles de 1904 et les sondages dejanvier 2001, le bâtiment en hémicyclesurplombant le théâtre a de nouveau été mis au jour de façon extensive, sur sa moitié nord, durant l'été 2003. L'ambition de cette intervention était de répondre enfin à certaines questionsq ui se posaient depuis plus d'un siècle, notamment celle concernant la fonction de cet édifice. Les recherches ont permis d'apprécier la splendeur passée de ce monument encore matérialisée par les dalles de marbre couvrant sols et murs. Cet édifice était doté d'un pavillon central desservi par une galerie en arc de cercle pourvue de cinq absides de part et d'autre, se terminant au nord et au sud sur deux pavillons d'angles. La galerie délimite unecour fermée à l'est par un gros mur de terrasse. Seule l'architecture permet pour le moment d'avancer une datation pour la construction de cet édifice. La présence de murs construits en opus mixtum (petit appareil et arases de carreaux de terre cuite) indique que cette construction est apparue au plus tôt àla fin du Ier siècle de notre ère et plus probablement dans la première moitié ou au milieu du IIe siècle.

2004 : La campagne de fouille 2004 avait pour objectif d'approfondir la recherche sur les structures appartenant protohistoriques du fanum . On mentionnera principalement les fossés successifs de l'enclos quadrangulaire et les nombreuses fosses situées au centre de la plate-forme correspondant aux vestiges d'un bâtiment de bois. 

Dans l'angle nord-est de la plate-forme sacrée, à proximité de l'angle du fossé d'enclos, une fosse peu profonde (0,30 m) perçait uniquement le niveau de paléosol sans entamer le substrat sous-jacent. Elle était de forme grossièrement carrée (de près de 1,10 m de côté) avec des angles arrondis. Près de son angle nord-ouest, elle présentait une sorte d'excroissance circulaire de près de 0,35 m de diamètre. Elle était remplie de près de 500 fragments d'objets métalliques de fer et de bronze constituant, à n'en pas douter, un dépôt cultuel d'armes et d'objets dont certains revêtent un caractère exceptionnel, voire unique dans le monde celtique. La corrosion des métaux, du fer en particulier, avait contribué à l'adhérence des objets entre eux. En outre, certains étaient très fragiles, constitués le plus souvent de tôles métalliques très fines. Les objets étaient imbriqués les uns dans les autres et visiblement "rangés" afin de gagner de la place. Parmi les objets mis au jour au sein de ce dépôt, on a pu identifier un certain nombre d'armes en fer, dont des épées, des fourreaux, des fers de lance et un umbo de bouclier. Bien que les épées et les fourreaux soient très fragmentés, certains ont visiblement été brisés en deux et les morceaux disposés le long des parois de la structure. Quelques fourreaux ont été davantage tordus ou enroulés.  Au total, dix casques ont été mis au jour, dont neuf en bronze et un en fer. L'un d'eux avait la forme unique d'un cygne. Un chaudron muni de deux anneaux de suspension a été découvert dans un angle de la structure. Plusieurs tôles représentant des parties d'animaux ont été mises au jour dans le dépôt ainsi qu'un cheval, en tôles de bronze. Enfin, les éléments, les plus extraordinaires de par leur rareté, gisaient sur le fond de la structure. Il s'agit de sept carnyx,. Ces trompettes avaient la caractéristique de se terminer, en partie supérieure, par un pavillon en forme de tête d'animal, Tous ces instruments ont été déposés après avoir été désassemblés, brisés, voire sciés, en plusieurs grands morceaux.  On ajoutera à l'ensemble de ces objets, des mors de chevaux, des disques en bronze ayant appartenu à des cuirasses et de nombreux autres qui n'ont pas encore trouvé d'interprétation satisfaisante.  Le caractère guerrier de la plupart des objets découverts ne peut être remis en question. A-t-on ici affaire à un trophée d'armes prises à l'ennemi au cours d'une bataille oubliée ?

Campagnes de fouille 2009-2012

De nouvelles campagnes de fouille d'un mois ont été réalisées entre 2009 et 2012. 

2009 

En 2009 trois sondages ont été ouverts

Le sondage 1 a été ouvert entre le fanum et le "tribunal". Une voirie nord-sud a été mise en évidence à l'ouest du "Tribunal".  

Le sondage 2 a été ouvert à l'angle sud-est du fanum, près de l'escalier. Les niveaux archéologiques se sont révélés plus nombreux qu'attendus. Des empierrements précoces étaient recouverts par des remblais importants parfois riches en mobilier. La fouille de cet espace a été achevée en 2010.

Le sondage 3 a été ouvert au sud-est du théâtre, juste au-dessus de la source actuelle. Au nord-est, l’arase supérieure d’un mur orienté est-ouest dont l’élévation était conservée sur 1,10 m de hauteur, a été atteinte à 1 m de profondeur. Un caniveau de blocs de granit taillé était accolé contre la fondation du mur, au nord. Au pied et contre le mur, une maçonnerie dégagée superficiellement scellait la couverture du caniveau constituée de chaperons de mur. Etant donné les traces de rubéfaction contre le parement nord du mur et les nombreux fins niveaux plus ou moins cendreux ou charbonneux observés en stratigraphie, on peut imaginer que l'on se trouve dans une zone où des foyers étaient entretenus régulièrement et délibérément. On pourrait donc imaginer que l'on se trouve ici dans un espace de cour, depuis laquelle on pouvait alimenter un ou plusieurs praefurnia destinés à chauffer des salles situées au nord ou à l'est.

En 2009, la fouille d'un puits dont la fouille avait été amorcée en 2002 a été achevée. Elle a permis d'identifier la présence d'un aqueduc circulant à près de 12 m de profondeur.

2010

Le sondage 4 a été ouvert en 2010 à l’est du sondage 2 et au nord du bâtiment en hémicycle. Il devait permettre de dégager l’extrémité sud du bâtiment dénommé "Tribunal" et de retrouver, à l’ouest de celui-ci le prolongement des voies identifiées dans les sondages 1 et 2. Alors que l’édifice a bien été dégagé, la voie venant de l’ouest ne prenait pas du tout l’orientation attendue et sa période de fonctionnement était totalement différente de celle des voies dégagées au sud-est du fanum. 

2011

Le sondage 5 a été creusé à 12 m à l'est du puits fouillé en 2009. Le but de ce sondage était de mettre au jour le puits suivant sur le tracé de l'aqueduc, d'en réaliser la fouille et celle de la portion d'aqueduc entre les deux puits. Malheureusement, le puits ne se trouvait pas à l'emplacement présumé, mais l'amorce d'une vaste structure dans le terrain naturel pourrait indiquer sa proximité, vers l'est.   

Il a été décidé en 2011 d'étendre le sondage 4 vers le sud, afin de bien visualiser l'espace séparant le « Tribunal » du bâtiment en hémicycle. Il était surtout essentiel de discerner les relations stratigraphiques entre les itinéraires et les monuments du sanctuaire. Ont été mises au jour l'extrémité sud du "Tribunal" et l'extrémité nord du bâtiment en hémicycle bordant respectivement de part et d’autre la voie qui les sépare. 

2012

Depuis 2009, l’un des objectifs des campagnes de fouille sur le sanctuaire de Tintignac était de tenter de cerner le réseau routier qui permettait de rallier les différents monuments et, ainsi, de comprendre la circulation des hommes sur le site. Cela pourrait à terme permettre d’appréhender le sens et l’organisation, sans doute bien établis, des processions rituelles dans l’espace sacré.  Dès 2009, il a été constaté que les voies recherchées étaient encore mieux conservées qu’attendu. En effet, au lieu d’être bâties en remblais avec apports successifs de recharges d’entretien et de réparation, ces voies se présentaient sous la forme de bandes de roulement empierrées installées sur le fond plat d’une vaste cavée creusée dans le substrat. Ces cavées devaient permettre de régulariser le pendage parfois trop prononcé du terrain naturel pour conférer aux axes des pendages compris entre 8 et 12 %. Des ornières ont été bien visualisées à la surface de ces empierrements témoignant du passage de charrois.

Deux réseaux de voies ont pu être mis en évidence.  Le premier réseau viaire fonctionne existe très tôt, sans doute dès la mise en place du temple gallo-romain, au tournant de notre ère et fonctionne tant que le temple à l’ouest constitue le seul édifice du sanctuaire, c’est-à-dire pendant tout le Ier siècle de notre ère.  Vers la fin du Ier siècle, la voie longeant le temple au sud est abandonnée et sa cavée rebouchée. Pour contenir les remblais rapportés, un mur a été construit perpendiculairement à la cavée de la voie primitive à l’est. Les cavées à l’ouest ont alors été progressivement remblayées à l’aide de matériaux provenant du temple et intégrant vraisemblablement une part des offrandes qui y avaient été déposées (fibules, céramiques…). A partir du début du IIe siècle, lors du réaménagement global du sanctuaire, le réseau viaire a été totalement transformé et la circulation sur le site complètement revue et modifiée. Une voie est-ouest a été dégagée entre les deux nouveaux édifices. Elle se subdivise en deux pour longer respectivement chacun de ces derniers à l’ouest. Les niveaux empierrés des voies tardives étaient recouverts plus ou moins densément par un niveau d'incendie. Les édifices ont donc vraisemblablement été abandonnés après cette destruction qui reste difficile à dater du fait de la faible quantité de mobilier dans les niveaux de destruction. Cependant, la découverte d'une monnaie de Constantin (306-337) sur la voie permet d'affirmer que l'on y circulait encore dans le premier quart du IVe siècle.

Sources
Epigraphie

CIL

XIII, 1, 1455a-c

Type d'inscription

Texte

[…] MAR […]

[…] SFI […]
[…] S […]

[…] V […]
[…] AV […]


CIL

XIII, 1454

Type d'inscription

Texte

OCTA //// TVLLIA //// BVDARACI /////
? […] YLA […] BVLLIA ?